La méditation c’est quoi ?
Méditer c’est avant tout faire une pause dans les mouvements incessants de sa vie. Simplement s’asseoir confortablement le dos bien droit et sans tensions et observer le bavardage éreintant du petit singe fou que l’on nomme le mental. Mais pour s’asseoir confortablement et sans tensions pendant un temps plus ou moins long, il faut que notre corps soit en bonne santé et en bonne condition physique, d’où la pratique des asanas (postures de yoga) et pranayamas (respirations) qui permettent d’acquérir souplesse et endurance physique. Ensuite il faut apprendre à concentrer son esprit sur un objet neutre (exemple : la sensation de la respiration qui entre et sort par les narines). Un objet neutre est requis pour ne pas nous procurer d’émotions ou de distractions qui parasiteraient notre méditation. Etant concentré en un seul point, nous observons en tant que débutants qu’il nous est difficile de rester concentré ne serait-ce qu’une toute petite seconde sans que notre mental ne nous distraie par des images, des pensées ou des émotions. C’est déjà un bon début car les personnes qui ne méditent pas n’ont même pas pris conscience de ce bavardage incessant de leur esprit tout le long de la journée. Il faut en effet savoir que le mental produit plus de 26000 pensées ou images par jour même quand nous dormons ! Et puis à force de pratique assidue…
Le méditant devient un bon méditant
Le méditant progresse et arrive à garder son esprit concentré pendant un certain temps sans avoir de productions d’images ou de pensées. S’installe alors en lui de courts moments où il se sent en paix, présent au plus profond de son être, ouvert à une conscience supérieure…
est-ce que cette paix peut durer ?
C’est par la pratique assidue et quotidienne que le méditant arrive à garder cette paix en lui et cette immense sensation de liberté tout le long de sa vie.
Est-ce que cette paix de l’esprit suffit pour être heureux ?
Non, en effet, il faut aussi comprendre la loi de l’impermanence et celle de l’équanimité en observant le jeu des émotions et des sensations corporelles. Il suffit d’apprendre à ressentir sur chaque partie de son corps les sensations, quelque soit leur nature : agréables, désagréables ou neutres et s’apercevoir qu’elles ne durent jamais, elles vont et repartent toujours, c’est la loi de l’impermanence ( anicca) , rien ne dure. Une sensation désagréable peut même devenir agréable ou neutre. Mais surtout, il nous faut apprendre à ne pas réagir face à nos sensations et rester le plus neutre possible, c’est la pratique de l’équanimité. Parce que si nous réagissons à une sensation agréable par exemple, nous aurons envie qu’elle perdure, et cette sensation simple et banale deviendra du désir puis du désir attachement qui créera le manque quand cette sensation disparaîtra et donc de la souffrance. Il en est de même pour nos réactions face aux sensations désagréables qui deviennent de l’aversion. C’est donc à cause de ce désir attachement pour les sensations agréables et l’aversion pour les sensations désagréables que nous vivons que nos émotions telles que la colère, la peur, la tristesse nous envahissent et nous font souffrir. si nous apprenons à ne plus réagir face à nos émotions et surtout face aux sensations corporelles qui les font naître, nous ne connaîtrons plus la souffrance et alors s’installera en nous un sentiment de paix et de bonheur durable.
Mais d’où viennent vraiment nos émotions et nos souffrances ?
Il faut savoir que chaque émotion ( colère, joie, peur, tristesse…) est l’effet d’un cercle vicieux qui se forme ainsi :
Parce que nous avons vécu maintes expériences de vie qui sont restées inscrites inconsciemment ou non dans notre esprit, à l’instant même où un phénomène touche un de nos sens ( l’ouïe, le toucher, l’odorat, la vue et le goût) notre mental réagit le plus souvent en jugeant ce phénomène agréable ou désagréable (rarement neutre). Cette réaction déclenche via notre système hormonal une libération de substance dans le corps qui procurent à leur tour des sensations corporelles que ce même mental juge de nouveau agréables ou désagréables ( exemple: des crispations désagréables dans le ventre, la tête, de la chaleur ou des fourmillements agréables dans la poitrine ou une sensation de muscles qui se relâchent ou se contractent). Ces réactions de nouveau envoient des hormones dans le corps qui de nouveau créent des sensations que le mental juge agréables ou désagréables etc… et ceci dans un cercle vicieux sans fin... Mais le problème c’est que nous passons notre temps au jeu des sensations sans pouvoir nous arrêter. Nous sommes devenus accro aux sensations, sans cesse en demande de sensations plus fortes qui nous donnent l’impression d’exister et qui nous font tant souffrir quand nous en manquons. C’est le début du désir attachement qui nous rend esclaves.
Ce qui veut dire que le plaisir que procure la dégustation d’un bon vin, ou le plaisir d’un bon footing ou d’une caresse qui au départ sont tout à fait salutaires et bons à vivre deviennent souvent des buts de vie et des souffrances quand nous ne les vivons plus. Il nous est si difficile d’être heureux avec peu de plaisirs. C’est ce que l’on nomme le contentement.
Il en est de même pour les aversions. Le même cercle vicieux s’installe avec nos sensations désagréables qui arrivent à nous faire détester une personne, un animal ou un objet.
Pour conclure sommes-nous prêts à méditer ?
Oui, quand nous comprenons que l’origine de nos souffrances naît de notre ignorance, que nous sommes devenus esclaves du jeu des sensations et qu’il nous suffit juste de faire une pause dans notre vie pour observer sans juger et sans réagir ce jeu subtil des sensations. En effet cette merveilleuse vie humaine nous permet de vivre tant d’expériences ! Il nous faut les vivre bien entendu mais avec sagesse et discernement et surtout avec amour mais cela est un autre sujet…